À l’approche de Noël, les salons de vin et comestibles variés se multiplient. Auxquels se joignent des publicités pour des dîners de ‘fêtes de fin d’année’ qui seront facturés aux habituels prix exorbitants. Il ne reste donc que peu de temps pour sortir, retrouver ses meilleures adresses ou en découvrir de nouvelles. Mais préparez-vous au changement !
Il y a d’abord tous ces nouveaux restaurants plus ou moins éphémères, sans citer les ‘chefs nomades’, dont la réputation tient d’abord au slogan « Vu à la télé ! ». Si cela vous dit et que vous n’êtes pas rebutés par l’enquête préliminaire de police qui précède votre réservation (Nom, Prénom, Adresse, Mail, Numéro de carte de crédit…), vous n’aurez aucun mal à découvrir leur nom dans les rubriques gastronomiques de la presse qui en fait ses choux gras. Et si vous habitez le XIème arrondissement de Paris, vous n’aurez aucune excuse pour ne pas les fréquenter puisque la sphère gastronomique parisienne semble s’être transférée dans cet arrondissement où la circulation, merci Madame Hidalgo, est si fluide : traverser en voiture la place de la République n’est-il pas déjà en soi un exploit ?
Si par ailleurs vous fonctionnez toujours sur note de frais, le choix est alors impressionnant. Afficher sans vergogne des tarifs aux alentours de 350€ par personne sans les vins, ce qui vous approche des 1000€ à deux tout compris, ne semble gêner personne. C’est pourtant le quasi équivalent d’un Smic. Il n’y a pas si longtemps où une note de 500€ à deux était le gage d’une belle soirée dans un deux ou trois étoiles. Tout cela est passé de mode.
Enfin, il y a tous les autres établissements. Ceux qui sont passés de 50€/75€ par personne à 125€ (soit 40% d’augmentation quand même dans un pays où l’inflation ne dépasserait pas les 7%). Mais ceux aussi qui continuent à proposer des tarifs décents et qui deviendront bientôt héroïques (relisez certaines de nos fiches, il y en a !). Ceux qui enfin n’ont pas tenu le coup, même parmi les meilleurs, et dont on découvre en passant qu’ils ont baissé le rideau (comme l’excellent Dassaï rue du Faubourg Saint Honoré).
Et ne croyez pas que seul Paris soit en cause. Quelques arrêts récents en province prouvent que là aussi – et on ne parle pas des grandes villes ou des stars marseillaises, les tarifs se sont envolés. Plus grave, c’est un type de cuisine qui est en train de disparaître : entre la cuisine ‘Métro’ à 17€ le menu et les étoilés locaux qui se croient à Paris, l’espace se réduit pour les amateurs de cuisine régionale. Non pas que les cuisiniers soient mauvais – on en a trouvé un bon dans la périphérie de Clermont-Ferrand, mais le désir de singer ce qui se fait ailleurs est attristant. Lorsqu’on s’attend à trouver à la carte de belles viandes dans la région de l’Aubrac, on ne peut être que déçu par des ‘Aiguillettes de cailles aux cacahuètes’ avec des prix qui de surcroît, sont bien déconnectés là aussi d’un passé pas si lointain.
En résumé, se substanter avec plaisir de produits régionaux de bonne facture, même dans la France la plus profonde, devient de plus en plus compliqué. Et si vous regardez la clientèle des tables les plus reconnues, vous ne pouvez qu’être surpris par le nombre d’étrangers qui les fréquentent, avec des moyens qui nous interrogent sur notre éventuel déclassement. Voilà pourquoi il faut être plus attentif que jamais et ne plus laisser passer ces quelques tables qui font encore honneur à notre cuisine à des prix raisonnables. Espérons que cette livraison vous laissera quelques notes d’espoir !