À vous de jouer !

Trois semaines après les fêtes (il est temps de mettre un terme aux bonnes résolutions), un mois avant le début du Carême (le ‘Ramadan des chrétiens’, comme on dit à la télévision), cela laisse un petit mois de répit pour découvrir de nouvelles adresses ou en refréquenter d’autres.

On ne vous parlera pas du nouvel Astrance, en tout cas pas pour l’instant. Non pas que les critiques officielles soient mauvaises – bien qu’on ne ressente pas à ce qu’on peut lire ici ou là de véritable extase. Ni pour les prix pratiqués, qui anticipent toujours les étoiles. Mais à cause d’une sorte de retenue gastronomique qui interroge : est-ce l’influence de la nouvelle prêtresse d’Europe Ecologie Les Verts qui « n’aime pas Sardou » mais » les hommes déstructurés » ? Toujours est-il qu’une sorte de nouvelle cuisine déclinant les produits à l’infini dans une sorte de puzzle jamais reconstitué laisse un peu perplexe. Rien que sur le papier, ce ‘maquereau’ en pièces détachées à diverses sauces et épices toutes lointaines donne le tournis. Le regroupement des saveurs devrait avoir un sens mais quand on part de tellement loin, la reconstitution du produit atomisé fait peur, il faut bien l’avouer. Attendons donc de voir ce qu’un Académicien, qui s’y rend prochainement, nous en dira.

Pour le reste, les ‘grandes tendances de l’année qui vient’ ont déjà envahi vos journaux et magazines. Pour commencer, l’épanouissement du ‘Frapp’roll’ qui si l’on a bien compris, mélange un peu tout et n’importe quoi pourvu qu’il y en ait beaucoup. C’est pourtant bon, un simple croissant au beurre comme seul Sébastien Dégardin les propose dans sa pâtisserie de légende au 200 de la rue Saint-Jacques (1ère à droite rue Soufflot avant d’arriver au Panthéon, fermée lundi et mardi). On parle aussi du ‘pineapple bun’ qui n’a rien à voir avec l’ananas mais qui ressemble plutôt à un petit sandwich rond (salé-légèrement sucré) comme il en existe depuis des lustres en Wallonie et que l’on appelle là-bas ‘pistolet’. On apprend enfin que le chef Piège propose désormais dans son menu un plat sans viande ni poisson – il faut bien vivre avec son temps ; que les tables d’hôte ont de nouveau le vent en poupe ; et qu’il est devenu de bon ton de boire un excellent champagne avec de la ‘street food’. Pourquoi pas ? Après tout, un excellent champagne est toujours meilleur qu’un mauvais champagne, quelle que soit la nourriture qui l’accompagne. Mais ça n’est pas vraiment nouveau.

D’ailleurs, il faut bien admettre que la recherche du ‘nouveau’ à tout prix devient lassante quand de bonnes vieilles adresses (voire dans cette livraison La Gentiane ou Noura) continuent à satisfaire nos papilles grâce au savoir-faire et à la constance de leurs chefs. Ce qui n’empêche aucunement de jeunes et brillants cuisiniers de se lancer avec talent alors même qu’ils n’ont pas participé à Top Chef. Allez donc faire un tour rue Ramey dans le 18ème et vous ne serez pas déçu du voyage (direct ligne 4, station Chateau-Rouge). Il faut aussi souligner le Café des Ministères dont la critique nous abreuve mais où le guide Lebey organise un dîner (65€ vins compris) autour de son fameux vol au vent au ris d’agneau du Quercy et un joli choix de vins de Bergerac. C’est maintenant à vous de jouer !

Laisser un commentaire